Le jeu de Rider-Waite

Rider-Waite Centennial

Dans le monde du tarot, nous avons deux grandes familles de jeu : le tarot de Marseille, et le Rider-Waite.

 

Le tarot Rider-Waite découle de celui de Marseille et s’en écarte sur plusieurs points.

Le Waite-Smith (comme il serait plus pertinent de l’appeler) a donné naissance à de nombreuses variations de graphismes qui ont porté le nombre de jeux à… beaucoup !

Le tarot Rider-Waite : Un peu d’histoire…

Si le tarot de Marseille a été lentement construit à partir du XIV° siècle, le tarot Rider-Waite est une création contemporaine.

 

Le premier jeu créé par Arthur Edward Waite, dessiné par Pamela Coleman Smith, et édité par William Rider voit le jour en décembre 1909. Il est le fruit des recherches menées par le groupe de recherches ésotériques de la Golden Dawn, une société hermétique d’origine anglaise disparue en 1905. Cette société s’inspire largement du travail des occultistes français du XIX° siècle (Éliphas Lévi, Papus…).

 

L’idée générale consiste à s’appuyer sur le modèle du tarot de Marseille, en réordonnant, en instituant des rapports plus clairs entre les cartes, l’alphabet hébraïque et l’astrologie. En bref il s’agit de s’inspirer des recherches ésotériques de la fin du XIX° siècle afin réaliser un jeu plus cohérent.

Arthur Edward Waite
Arthur Edward Waite
Pamela Colman Smith
Pamela Colman Smith

Le tarot, un outil ésotérique ?

C’est LA grande question qui a fait beaucoup couler d’encre, et ce de manière pas toujours très rationnelle.

 

L’idée que le tarot ait été créé pour entreposer, voire sauvegarder un savoir occulte a alimenté bien des théories et des fantasmes.

 

Dans les faits, le tarot de Marseille n’avait probablement aucune visée ésotérique à ses origines. C’est avec le temps qu’on lui a prêté des significations et que les cartes ont été légèrement modifiées en conséquence (la dimension technique d’impression a aussi beaucoup joué). Un exemple : si les premières cartes apparaissent au XIV° siècle, c’est seulement en 1781 que Court de Gébelin estime dans Le monde primitif que le tarot puisse constituer un outil d’apprentissage spirituel.

 

Il en va différemment avec le tarot Rider-Waite. Ce dernier a, on l’a vu, été dessiné spécifiquement pour revêtir des significations ésotériques, à savoir celles de la Golden Dawn. À ce niveau de lecture, il est donc particulièrement adapté (ce qui ne signifie pas que cela rejette le Marseille dans les oubliettes).

Les particularités du tarot Rider-Waite:

On a donc redessiné les cartes avec le tarot Rider-Waite. C’est Pamela Coleman Smith, elle-même membre de l’ordre, qui a réalisé ce travail. Si les arcanes majeurs restent voisins du Marseille, les mineurs, en revanche, sont inédits.

 

On préfère souvent les 22 arcanes majeurs du Marseille à celles du Rider-Waite, car, finalement, ils sont très riches et bien lisibles. En revanche, les mineurs du Rider-Waite remportent largement les suffrages. La raison en est simple : ils représentent tous des saynètes bien plus faciles à lire que les ornementations des arcanes mineurs du Marseille.

 

Ce point est crucial : sans cette particularité, le jeu n’aurait probablement pas connu le succès planétaire qui est le sien aujourd’hui (le Marseille ne reste principalement utilisé qu’en France).

Pour en revenir aux arcanes majeurs, on notera une grande modification par rapport au jeu de Marseille : l’inversion de la place de La Justice (VIII) et de La Force (XI). Nous reviendrons sur ce point dans un autre post.

Tarot de Marseille
Tarot de Marseille
Rider Waite borderless
Rider Waite borderless
Rider Waite Giant
Rider Waite Giant
Rider Waite Radiant
Rider Waite Radiant

En ce qui me concerne…

Le tarot Rider-Waite gagne chaque jour du terrain en France. Aujourd’hui, on désire un jeu plus accessible et lisible, sans pour autant qu’il soit amputé de ses qualités. De plus, il permet de travailler avec un plus grand nombre d’univers symboliques ; en bref, il est plus synthétique.

Je l’ai donc fait mien. Après plusieurs décennies à pratiquer le Marseille, j’ai été piqué par la curiosité et… l’essayer, c’est l’adopter.

 

Néanmoins, je garde toujours mon tarot de Marseille sur ma table, mais je pense désormais en Rider-Waite. Bien sûr, j’ai pris du temps à inverser les cartes VIII et XI, mais pas davantage que les changements de couleur d’un jeu de Marseille à un autre. Il suffit de donner un petit coup de pied dans ses habitudes, et avouons-le, cela ne fait jamais de mal.

 

Il ne s’agit pas pour moi de condamner le tarot de Marseille. Sinon, je l’aurais remisé dans un placard. Or, ce n’est pas le cas. Et je ne conseillerai jamais à quiconque d’abandonner un outil avec lequel il se sent à l’aise. Il s’agit d’une affaire personnelle de communication avec le jeu ; à cet égard, c’est la sensibilité qui doit parler.

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