MON PARCOURS AVEC LE TAROT

J’ai découvert le tarot de Marseille lorsque j’avais 19 ans au début des années 80. Ce jour était le premier d’un parcours avec le tarot qui dure toujours depuis.

Dans quelles conditions as-tu découvert le tarot ?

Mon parcours avec le tarot a commencé lorsque j’étais étudiant à l’école des beaux-arts et plutôt porté vers les philosophies orientales. J’étudiais le bouddhisme, pratiquais la méditation et le yoga, et interprétais le Yi-King, le « livre des transformations » originaire de Chine. Le tarot que m’a présenté un autre étudiant m’a d’abord paru étrange. Les figures un peu frustes demandaient à être décryptées, voire tout simplement acceptées pour leur graphisme. Il m’a patiemment expliqué la manière dont il fallait comprendre le jeu. Et abondamment parlé aussi de la nécessité de dessiner les figures afin de mieux s’en imprégner, m’a entretenu des subtiles relations liant chaque carte, etc.

Entre la calligraphie zen et le tarot de Marseille, c’était le grand écart !

Oui ! Mais j’ai rapidement pressenti la force et la richesse de cet outil. Et il m’a semblé clair que pour aller plus loin, il était d’abord indispensable de renouer avec ma culture occidentale. C’est-à-dire assimiler la culture des symboles, et voyager au-delà des représentations graphiques. J’ai vite réalisé que la connaissance intellectuelle serait insuffisante pour trouver sa place à l’intérieur du jeu. D’ailleurs, il semblait souvent bien décider de lui-même d’être bavard comme une pie ou de rester muet.

La pratique avant tout:

En fait, c’est la pratique et l’état d’esprit du praticien qui permettent au tarot de s’exprimer. Cette approche est logique : un pinceau n’est rien en soi, un bout de bâton avec des poils. C’est le mental non agissant guidant la main qui réalise le trait le plus juste. Il fallait donc totalement s’y impliquer. Et en particulier développer une réceptivité maximale. Or, c’est aussi ce que permettent la méditation et le yoga. Ce sont aussi des disciplines qui renforcent énormément l’intuition. La transformation personnelle fait partie du parcours avec le tarot.

Pourquoi le « ici et maintenant » ?

Parallèlement à l’exploration du tarot, je poursuivais ma pratique de la méditation, et le yoga dont j’ai un diplôme d’enseignant. On pourrait imaginer que des univers aussi étrangers culturellement, dans l’espace géographique comme dans le temps, ne puissent entretenir aucun rapport. Mais ce serait mettre de côté le fait que les deux disciplines sont au service de l’être humain et de sa réalisation. Toutes deux détiennent une valeur universelle. Se retrouver, se connaître, s’accepter, évoluer, faire le ménage en soi, et j’en passe, constituent des objectifs communs. Mon parcours avec le tarot a finalement rejoint autant ceux du bouddhisme que du yoga.

Ce mariage humaniste de deux cultures est une formidable graine permettant de nous améliorer, de faire la paix en soi, d’arrêter de se raconter des histoires inutiles, en bref, de mieux vivre.

Comment le tarot a-t-il trouvé sa place dans ta vie ?

Après cette mise en relation, le tarot de Marseille (suivi du Rider-Waite-Smith) m’a toujours suivi. Je l’ai tiré régulièrement, suis souvent retombé sur les mêmes cartes et en déduisais les faiblesses et besoins personnels à travailler. Cela fait partie du parcours avec le tarot. J’ai élargi le champ d’expériences, en tirant une carte chaque matin par exemple. Ou en scannant différents arcanes pour les superposer en transparence dans un logiciel graphique afin d’analyser leurs structures graphiques communes. Je l’ai bien sûr tiré pour de nombreuses personnes, exercice qui constitue une magnifique expérience de découverte de l’autre et qui incline au respect. S’exercer au tirage est indispensable, sinon, ce serait comme lire des tas d’ouvrages consacrés à la natation sans jamais se mettre à l’eau.

Et puis il y a les émerveillements. Je me souviens qu’alors que je demandais à une consultante totalement ignorante du jeu de me désigner la carte qu’elle aimait le moins, elle a immédiatement pointé Le Pendu. On m’a ensuite informé qu’elle souffrait de mucoviscidose. Quelle force pouvait bien habiter le tarot pour qu’une personne rencontrant le jeu pour la première fois y perçoive des informations cachées ? Car enfin, aucune référence spécifique au système pulmonaire n’est dessinée concrètement sur la carte…

On a longtemps considéré le tarot comme un outil destiné à la divination…

Il est bien légitime d’être désireux de connaître son avenir. Mais à mon avis, non seulement cela n’apporte pas le bonheur, mais de plus, c’est un obstacle à l’existence « vraie ».

Imaginez que l’on puisse absolument tout connaître à l’avance de l’intégralité de l’existence à venir d’un nouveau-né… Y aurait-il encore un intérêt à faire l’expérience de cette vie ? Savoir que l’on va rencontrer quelqu’un, par exemple, c’est bien, mais cela prive du plaisir de la surprise… sans compter que certains pourraient se plaindre que la personne arrive 5 minutes en retard par rapport à la prédiction ! De plus, les personnes désirant connaître l’avenir veulent généralement être convaincues que tout ira pour le mieux pour elles, ce qui ne peut bien sûr toujours être le cas.

En fait, tout est une question de rapport au temps…

S’il est indispensable de comprendre d’où l’on vient, il ne s’agit pas pour autant de ressasser inutilement le passé. Le passé est révolu ; il a bien sûr planté des graines, mais on ne peut le modifier. Désirer s’améliorer par l’étude des lames ou vouloir acquérir une forme de sérénité n’implique pas non plus de se projeter dans un merveilleux futur fantasmatique, et encore moins de s’inquiéter des événements à venir.

Le même phénomène se produit souvent en cours de méditation : on se prend à rêvasser du passé ou du futur en oubliant d’être à ce que l’on fait. On est trop rarement totalement à ce que l’on fait. Or, le bonheur, ou à tout le moins l’apaisement ne peut surgir que de l’instant présent pleinement vécu. C’est de plus le seul moment sur lequel on ait une prise concrète.

Jardin japonais
Jardin japonais
Retour en haut